Carnet de route laotien

 

06.01.2016 | Ngoc Hoi (Vietnam) – Attapeu (Laos) | 139km – 1820m de dénivelé positif
On se réveille tôt ce matin car la journée s’annonce épuisante. On pédale en compagnie des écoliers vers la frontière que l’on franchit sans anicroche. C’est dans un nouveau monde que l’on débarque. On s’étonne comme à chaque fois qu’une simple ligne de démarcation puisse représenter un tel changement allors que nous sommes dans la même région, peuplée par les mêmes ethnies. Des montagnes déboisées et pelées vietnamiennes, avec une forte présence humaine tout au long de la route, on pédale maintenant au milieu de la forêt primaire laotienne et n’apercevons que quelques maisons sur pilotis ça et là sur les premiers 100km. Comme nous n’avons plus de matériel de camping depuis la Chine, il nous faut trouver un hébergement pour la nuit et nous forçons un peu pour atteindre Attapeu après plus de 10h sur la selle.

07.01.2016 | Attapeu | 0km – 0m de dénivelé positif
On récupère de la journée d’hier. Au programme, rien, absolument rien, si ce n’est l’apprentissage de quelques mots de laotien et une visite à la banque d’où nous sortons à nouveau millionnaires. Mais qui sont les branques qui on réalisé les coupures ici ??? Toutes se ressemblent (2 couleurs pour 7 types de billets…) et on doit vérifier à chaque fois ce que l’on donne, comme des presbytes diminués…

08.01.2016 | Attapeu – Kiat Ngong | 107km – 610m de dénivelé positif
Marc et Michèle rencontrés hier nous avaient décrit la route menant vers le Mékong plus à l’ouest. Une piste poussiéreuse au milieu du Laos authentique, avec 5 rivières à franchir et aucune possibilité d’hébergement avant le kilomètre 80. De la poussière nous avons mangé, des rivières nous avons franchi, d’authentiques villages nous avons traversé, mais au kilomètre 80, rien-zilt-nada !!! Encore 27 kilomètres et nous arrivons enfin aux bungalows tant espérés, épuisés et recouverts de poussière de la tête aux pieds. À la vue de ces deux cyclistes qui font plus cro-magnon que homo-sapiens européen du 21ème siècle, Thui, le jeune propriétaire, nous interpellera d’ailleurs comme suit : “Coming from Attapeu ?”. Encore une fois nous nous rappelons une des règles élémentaires des cyclos : ne jamais, ô grand jamais, se fier aux informations routières fournies par des motards, automobilistes ou camionneurs (du style, “ça monte un peu” pour une pente à 10%, ou “c’est juste un petit détour” pour ce qui peut être une bonne journée de pédalage…).

09.01.2016 | Kiat Ngong – Champassak | 42km – 290m de dénivelé positif
Après les étapes démentielles des 2 derniers jours, nous faisons une petite balade pour rejoindre la ville de Champassak qui s’étend le long du Mékong après avoir dégusté le lever du soleil depuis le temple de Phu Asa et croisé un éléphant sortant tout juste de son bain du matin. Sur la route, nous rencontrons Elisa et Sebastian (leur blog ici), 2 cyclos allemands en route pour le Cambodge qui battent tous les records de chargement que l’on a vu jusqu’ici, y compris lorsque Gilles avait encore sa charrette… Quelques kilomètres plus loin, il nous faut traverser le Mékong et c’est dubitatifs que nous chargeons nos vélos, en plus de 2 motos déjà présentes, sur une embarcation à bas bord, longue et effilée, dont la stabilité est peu rassurante. À peine décrochés de la rive, ça sent le chavirage à plein nez !!! Non, on ne veut pas aller draguer le Mékong, large de plusieurs centaines de mètres, pour y repêcher nos montures. On change pour une version améliorée de radeau motorisé, laissant les motards à leur sort… Arrivés à bon port, nous profitons de notre journée pour se balader dans la paisible bourgade de Champassak qui était un des lieux favoris de la famille princière, y discuter avec les commerçants et se faire une petite bouffe sur les rives apaisantes du fleuve. Nous y rencontrons aussi Fanchon et Gabriel, 2 jeunes cyclos français en tour du monde (leur blog ici). Décidément, ça circule pas mal en 2 roues dans ce pays !!!

10.01.2016 | Champassak – Paksong | 96km – 1380m de dénivelé positif
Comme d’habitude, nous nous levons à 5h15 pour profiter de la fraîcheur et des lumières de l’aurore et pédalons vers Pakse pour faire nos réserves de cash et déguster un petit croissant au chocolat au “Parisien”. Nos palais se régalent se ces saveurs que nous n’avions plus ressenties depuis la Croatie ! Puis nous entamons notre montée vers le plateau des Bolovens, une oasis de verdure et de cultures de café dont nous avons prévu de faire le tour avant de revenir sur la plaine du Mékong. Gilles casse un rayon puis crève. Dans un timing parfait, Lise et Damien (leur blog ici), 2 cyclos français qui viennent du nord du pays transforment cet atelier de bord de route en véritable échange de bons plans. C’est grâce à eux que l’on fera un petit détour vers le lac Nam Theun et le plateau de Nakai, plus au nord. Le temps passe vite en leur compagnie mais il nous reste bien quelques kilomètres et quelques cascades à admirer avant Paksong ou nous allons passer la nuit, alors en route les amis !

11.01.2016 | Paksong – Tad Lo | 66km – 180m de dénivelé positif
Programme facile pour la journée. 60km de descente, et comme unique souci, trouver un endroit parfait pour notre mission farniente à Tad Lo, un petit village décontracté au bord d’une rivière parsemée de chutes d’eau. C’est au Green Garden, chez Martin, un tchèque qui s’est installé ici depuis 4 ans et qui a construit une lignée de 5 chambres toutes simples sous une maison traditionnelle, que l’on pose nos sacoches pour 2 nuits de villégiature. Pour ne rien gâcher, c’est un excellent cuisinier qui porte une attention toute particulière aux détails. Y vit aussi Emmanuel l’autrichien, un ancien scénographe d’expositions et de musées qui s’est pris d’amour pour les tissus traditionnels des ethnies du nord et de l’est du Laos et qui s’est constitué une collection inestimable depuis plus de 20 ans.

12.01.2016 – 13.01.2016 | Tad Lo | 0km – 0m de dénivelé positif
Baignade sous la chute d’eau – sieste et lecture dans le hamac – cheesecake maison et discussions – baignade des éléphants et séance photos – cheesecake maison – souper espagnol cuisiné et offert par Nora (tortilla, chorizo, jambon cru et saucisses sèches en provenance directe de Barcelone, turron, bref un régal) – bières et fumette – cheesecake maison. Trop dure la vie !!! On se décide à rester une journée de plus ici pour se remettre de la soirée (on n’a plus l’habitude…). Le lendemain c’est farniente absolue !!!

14.01.2016 | Tad Lo – Takhek | 96km – 180m de dénivelé positif + 300km et 7h de bus
Journée de transition entre le plateau des Bolovens et le plateau de Nakai. On a à peine le temps de poser pied après notre étape à la force du mollet que le bus pour Takhek s’arrête à côté de nous. On charge les vélos sur le toit, sans avoir le temps de manger si ce n’est un paquet de chips, et c’est dégoulinants que l’on prend place dans ce tas de ferraille qui semble avoir fait la guerre. Après 7 heures, nous nous posons dans une chambre, dans le premier hôtel venu. Ouf !!!

15.01.2016 | Takhek – Thalang | 106km – 760m de dénivelé positif
C’est à notre grande surprise que nous slalomons toute la matinée entre des pics calcaires impressionnants. Car nous sommes en fait à la même latitude, mais cette fois côté laotien, que lors de notre virée sur la piste Ho-Chi-Minh au Vietnam. Nous ne nous attendions pas à ce genre de spectacle avant notre parcours de Vientiane vers le nord du pays mais apprécions ces parois verticales et découpées au milieu desquelles on trace notre route. Une petite montée bien rude en plein soleil et on se retrouve sur le plateau de Nakai. Quel spectacle ! Cet immense plateau d’altitude recouvert de forêts est en partie submergé par un lac artificiel qui donne au paysage un aspect étrange mais sublime, entre désolation et miroitements infinis. Chaque crique est barrée de multiples troncs nus pointés vers le ciel et leur couleur de mort tranche avec les innombrables teintes de verts des arbres environnants. À Thalang, on se loue un petit bungalow pour la nuit, on se fait une petite partie de pétanque et on se réjouit déjà des croissants au chocolat maison du lendemain, que l’on ne s’attendait pas à trouver ici au milieu de nulle part.

16.01.2016 | Thalang – Nahin |  107km – 920m de dénivelé positif
De croissants au chocolat, que nenni !!! Nous partons avant que ceux-ci sortent du four et un nuage de frustration assombrit l’atmosphère autour de nous. On nous avait pourtant assuré un petit-déjeuner disponible dès 6 heures du matin. Oui, juste, mais sauf les croissants au chocolat !!! Diantre !!! On avale à nouveau les kilomètres en bordure du lac puis on avale un peu de poussière sur la route en construction en croisant d’énormes camions chinois roulant à toute allure. Une dernière petite ascension bien pentue et on redescend vers Nahin où l’on passe la nuit non sans avoir avalé une assiette de nouilles sautées au poulet.

17.01.2016 | Nahin – Vientiane | 270km de bus + 10km – 0m de dénivelé positif
En route pour Vientiane la capitale où nous allons passer 3 jours. Premièrement pour fêter dignement les 32 ans d’Anaïs et deuxièmement pour obtenir notre visa thaïlandais pour la suite de notre périple. On fait ce parcours en bus pour s’éviter plusieurs jours de pédalage ennuyeux sur la plaine du Mékong, comme on l’a fait plus au sud. Cette fois le véhicule est en bon état mais on flippe un peu pour nos vélos qui sont attachés à même le toit, sans porte-bagages. Ouf, ils s’en sortent indemnes malgré les multiples secousses dues aux nids-de-poules jonchant la Route 13.

Nos visas en poche, nous quittons Vientiane demain matin. Direction Luang Prabang en 6 jours à travers les montagnes. Il va y avoir du sport, heureusement, car il nous faut perdre les kilos pris ici (sans vous donner de détails sur notre régime alimentaire peu recommandable) ! Dire que l’on s’attendait à ne manger que du riz gluant pendant 1 mois…

À tantôt