Depuis Vientiane, c’est vers le nord du Laos et ses montagnes que l’on se dirige. Plusieurs cyclistes croisés jusqu’ici nous avaient avertis que les ascensions y étaient rudes, mais on y a finalement moins « souffert » que dans le nord-est du Vietnam. On s’est fait peur pour rien même si on a sauté une partie de l’itinéraire prévu en bus pour cause de météo (voir ci-dessous). On passe par Vang Vieng, dans son écrin de pics de karst sur lesquels les nuages se laissent glisser pour un spectacle dont on ne se lasse pas, puis par Luang Prabang, dont la vieille ville est classée au patrimoine mondial de l’UNSECO et où on se familiarisera un peu avec l’art du tissage laotien en visitant un atelier dont on acquerra une des créations (une première pour notre voyage puisque, ne l’oublions pas, il nous faut transporter nos souvenirs à la force du mollet… Autant dire qu’on avait fait l’impasse sur les marbres de Carrare et les sculptures de Persépolis !!!). Puis on rejoint Pakbeng, fatigués par les chaînes de montagnes à franchir et par l’absence de plat même dans les vallées, qui nous donne l’impression de chevaucher un dragon sur son dos. Et depuis là, on s’octroie une petite pause pédalistique en prenant un bateau qui nous mènera jusqu’à la frontière thaïlandaise en remontant le légendaire fleuve Mékong.
Nous avons beaucoup aimé ce pays où nous avons été projetés dans le temps en traversant les innombrables villages qui balisent la route et où le sourire des habitants contraste avec leurs difficiles conditions de vie. Anecdotes et impressions :
Le festival du Sabaïdee
Les salutations de bord de route ont pris une proportion singulière ici au Laos. Des nombreux « nǐ hǎo » en Chine, on avait atteint un autre niveau avec les « xin chao » au Vietnam, mais ici c’est l’apogée de ce crescendo !!! 35% de la population a moins de 14 ans et c’est une symphonie de « sabaïdee » qui nous accueille à chaque virage. Par groupes de 10 parfois depuis la plateforme de leur maison sur pilotis, ou après un slalom entre les huttes pour qu’on puisse les voir, ou encore depuis les champs alors qu’on a peine à les distinguer, ils nous chantent leurs bonjours en agitant frénétiquement leurs bras et leurs mains. Quelle belle musique qui nous emplit d’énergie à chaque fois. Vous pouvez essayer chez vous pour voir l’effet positif que ce mot procure, en n’oubliant pas de prolonger le « deeeee » final !!!
♫ Sabaïdeeeeee ♫
Brumes, fumées et autres exhalaisons
Le matin, on se lève très tôt pour pouvoir profiter de la fraîcheur des premières heures, pour se donner de la marge dans nos étapes pour s’arrêter ci et là, et pour profiter de découvrir l’endroit où l’on va passer la nuit, avant la tombée de celle-ci. Et ces premières heures de pédalage sont celles que l’on préfère. Dans la brume pas encore levée, on traverse les villages où chaque famille se regroupe devant la maison, autour d’un petit foyer, pour se réchauffer et déjeuner. On déguste avec plaisir le spectacle de la vie qui reprend cours après la pause nocturne. Une odeur de feu de bois emplit l’atmosphère dans toute la campagne et s’ajoute à cette ambiance matinale feutrée et mystérieuse que l’on adore. Nos sens sont en éveil malgré le froid !
Le cirque des moines de Luang Prabang
Presque chaque village au Laos possède son temple bouddhiste et on a souvent pu être témoins au petit matin de la procession de quelques moines dans la rue principale pour récolter les offrandes de nourritures des habitants. Arrivés à Luang Prabang, qui est une des principales destinations touristiques du Laos, on nous a conseillé de ne pas rater le cortège matinal des quelques 300 moines vivant dans les différents temples de la ville. Bien décidés à ne pas rater cela, on se lève très tôt le dernier jour puis on prend place au bord de la route. Petit à petit, tuks-tuks et bus déversent de nombreux autres touristes tout au long du parcours de la procession. Et soudain c’est tambours et trompettes pour le début d’un spectacle peu brillant… C’est devenu un grand business clownesque qui nous restera en travers de la gorge tant on plaint les pauvres moines qui doivent subir ceci chaque matin. Entre les offrandes organisées, où les clients des hôtels, alignés sur des tabourets, se font des plaisanteries et posent pour la photo sans aucun respect et sans aucun regard pour les moines, les touristes qui interrompent le chemin de ceux-ci pour un selfie on ne peut plus déplacé, en passant par l’agressivité de certains qui n’hésitent pas à engueuler le pauvre badaud qui lui gâche sa photo, c’est un triste spectacle ! On s’en va au plus vite…
L’épisode frigidaire
Vous avez peut-être entendu parler de la vague de froid sans précédent qui a touché l’Asie du Sud-Est aux alentours du 24 janvier ? Eh bien, on y était… Et comme on n’aime pas faire les choses à moitié, on y était alors que nous venions de passer notre nuit à l’altitude la plus haute de tout notre parcours laotien. À Phoukoun, on se lève dans un froid de canard et en mettant le nez dehors, on se rend compte qu’on a atterri dans le Triangle des Bermudes laotien, là où les cyclotouristes disparaissent !!! Il vente, pleut et les températures approchent de zéro. Dans le village, il n’y a aucun endroit fermé pour se réchauffer et on enfile toutes nos couches pour braver les éléments. Mais ce qui est sûr c’est qu’on ne va pas pédaler aujourd’hui, avec la route glissante et serpentant dans les montagnes et une visibilité qui approche les 5 mètres au maximum. Tout habillés dans notre lit, on gèle quand même car la chambre est trouée de partout et la salle de bain ouverte sur l’extérieur. Autant dire qu’on est dehors !!! Le lendemain, rebelote, alors on se décide à prendre un bus (sans chauffage évidemment) pour Luang Prabang en espérant qu’il y fasse meilleur. Que nenni !!! On passera deux jours sous la couette à regarder des films, en sortant juste ce qu’il faut pour nous nourrir ou déguster un verre de vin chaud. La ville est au ralenti et personne ne se rappelle ici de telles températures ! Brrrrrrrr !!!
Cela fait trois jours que l’on est en Thaïlande et ce n’est que du bonheur. On vous en parlera dans notre prochain billet depuis Chiang Maï où la maman de Gilles et son ami François nous rejoignent pour des retrouvailles qui s’annoncent émouvantes. Youpie !!!
À tantôt